La réflexologie peut être une méthode intéressante dans l’accompagnement global du trouble du spectre autistique. Les personnes avec un TSA sont prises en charge par de nombreux corps de métier, psychologue, ergothérapeute, en fonction de sa situation personnelle. La réflexologie fait rarement partie de l’équation, et je trouve cela regrettable.
J’ai eu le privilège d’accompagner des adultes (en majorité), diagnostiqués assez tardivement, qui n’ont donc pas nécessairement été accompagnés de manière adaptée dès leur plus jeune âge et qui ont mis en place beaucoup de mécanismes de compensation pour être socialement acceptés.

Dans cet article, je parlerai uniquement de mon expérience personnelle au cabinet, cela n’a pas vocation à être une parole universelle.

Pourquoi TSA et réflexologie?

Parmis les adultes présentant un TSA qui sont venus pour des soins au cabinet et que j’ai pu accompagner sur plusieurs mois, voire années, l’objectif premier pour la majorité était de se réapproprier son corps. Très intellectuel, très sollicité verbalement ou particulièrement isolé du fait d’un comportement différent ou d’une sensibilité importante, ces personnes étaient très peu touchées ou prises dans les bras. Pour la plupart, ils évitaient le contact, peu à l’aise ou franchement dérangés. Dans le cadre d’un travail sur eux, la question du corps est arrivée sur la table et c’est ainsi qu’ils sont arrivés au cabinet.

La réflexologie est une méthode non invasive qui implique un massage des pieds principalement (mais cela peut être un massage des mains, de la tête, des oreilles, du visage). Le toucher peut être plus ou moins profond, en fonction des zones réflexes et de la sensibilité de chacun et le massage des zones réflexes encourage un rééquibilibrage global du corps.

La personne peut avoir des sensations de chaleur, de picotements, le ventre qui gargouille (et plein d’autres sensations). Toutes ses sensations sont intéressantes à observer, à ressentir, car elles encouragent l’écoute de son propre corps. Tout au long des séances, j’encourage d’ailleurs l’écoute des sensations agréables et moins agréables (certaines zones réflexes sont sensibles, voire douloureuses) dans un dialogue constant avec la personne massée.
Pour un article détaillé sur la réflexologie, n’hésitez pas à cliquer sur le lien plus haut.

Lorsque l’on n’est pas à l’aise avec le toucher, un thérapeute qui touche uniquement les pieds peut être une approche intéressante. La réflexologue est loin de la tête, elle ne touche qu’une petite partie du corps, bien définie. On évite au maximum les surprises ! Et c’est une méthode qui évolue avec l’état d’esprit du patient. Une fois plus à l’aise, on peut toujours masser les mains ou les oreilles !

Comment la réflexologie peut-elle accompagner les personnes avec un TSA?

Préparation des premiers rendez-vous

En amont du premier rendez-vous, je vais préparer un maximum d’outils visuels pour que la personne puisse anticiper les rendez-vous suivants sans crainte.

Déroulement de la première séance

La première séance va me permettre de faire connaissance avec la personne, de comprendre son besoin, et de me présenter et d’expliquer comment je travaille. Je rappelle que je demande le consentement pour toucher chaque partie du corps, que je ne fais rien sans l’accord du patient. J’explique les différentes méthodes que j’utilise et qui me permettent de m’adapter à la personne en face de moi.

Je montre les différentes salles du cabinet, afin qu’il n’y ait pas de surprise si la séance suivante se déroule dans une autre salle.

Au moment du soin, si c’est nécessaire et rassurant pour la personne, je vais dire explicitement « je vais travailler sur le pied gauche/droit, les orteils… ». Il m’est arrivé de le faire pendant 2 séances puis la personne m’a indiqué qu’elle n’en avait plus besoin, il m’est arrivé de continuer plus longtemps. Encore une fois, je m’adapte ! Que ce soit avec des personnes sans ou avec un TSA, les besoins et les demandes sont toujours propres à chacun et c’est mon travail de trouver le moyen d’arriver à un résultat de manière la plus efficace possible tout en respectant ce que souhaite la personne.

TSA et médecine

La réflexologie ne vient en aucun cas remplacer la médecine traditionnelle dans l’accompagnement des personnes. Les personnes que j’ai accompagnées ont souvent été recommandées par leur psychiatre, en parallèle de ce qui a déjà été mis en place.

Je ne me prononce pas sur les prises de médicaments, je ne suis pas médecin. J’échange volontiers sur des besoins spécifiques ou des demandes avec le corps médical qui accompagne mes patients si besoin. Je redirige au besoin vers d’autres personnes ou associations pour une prise en charge spécifique si ce n’est pas déjà le cas.

Les objectifs de séance

Pour chacun, l’objectif posé a été différent et spécifique. Il y a néanmoins des thèmes communs qui se sont dégagés:

La volonté de se rapprocher de ses sensations corporelles
Un inconfort digestif
Une tension nerveuse persistante (qui s’est reflétée par un sommeil de mauvaise qualité chez la plupart)

Des outils concrets

Je transmets toujours (lorsque c’est approprié et pertinent) des outils concrets pour que les personnes développent et expérimentent du mieux-être avec leurs propres actions.

Marcher plus lentement dans la rue
Prendre une grande inspiration quand la tension dans la pièce est palpable
Trouver la personne ressource dans une situation de crise
Des exercices d’étirement appropriés
Apprendre à demander de l’aide

Notre objectif est de trouver ensemble ce qui convient pour apaiser le quotidien quand on vit avec un TSA.

Pour conclure

En résumé, mon expérience au cabinet avec des personnes ayant été diagnostiquées avec un TSA leur a permis à toutes de se réapproprier leur corps, à tel point que je travaille avec certains sur leur visage, leurs oreilles à leur demande !

Certains ont mieux compris leur mécanisme face au stress et arrive même à anticiper les périodes stressantes en prenant un rendez-vous avant que la tension nerveuse ne revienne! Tous ont globalement un meilleur sommeil et ont pu intégrer des petites choses simples dans leur quotidien pour les accompagner vers du mieux-être.

Accompagner des personnes avec un TSA est une expérience d’autant plus enrichissante pour moi car cela m’a permis de réfléchir à ma pratique, à certaines manières de faire pour être la plus inclusive possible.